Trois approches des limites et exclusions (termes à la fois complémentaires et de sens multiple) sont proposées ici. Les deux premières, Délimiter... > Lire la suite
Trois approches des limites et exclusions (termes à la fois complémentaires et de sens multiple) sont proposées ici. Les deux premières, Délimiter les terres & Le banni, le fou et l'esclave, s'intéressent à des situations du passé mais qui nous sont parfois proches par leur objet (le bornage) ou par notre histoire récente (l'exclusion et l'asservissement). La troisième approche (les génocides face au droit et à l'anthropologie) rappelle que l'exclusion des autres, ou la limite de leurs droits, peut dépasser le bornage du territoire, le bannissement et l'asservissement pour atteindre l'élimination physique de groupes humains entiers, exclus de l'humanité.
Limiter, délimiter et exclure sont des activités inhérentes au Pouvoir générant des régulations juridiques qui, sous quelque régime que ce soit, semblent entraîner l'adhésion de diverses couches de la population au point de les considérer comme attributives de sens ou relevant des évidences partagées. Cela est vrai à diverses époques des formalités et rites afférents à la délimitation des terres, que ce soit sous l'Égypte pharaonique (B. Menu), la Grèce byzantine et post-byzantine (A. Gerouki) ou dans le Languedoc du Moyen Age (M. Lesné-Ferret).
Mais cela est plus dramatiquement vrai de l'exclusion, de la mutilation, ou de l'asservissement de certains individus ou groupes de la société comme le montrent des exemples aussi divers dans le temps et l'espace que le sort du banni et du fou dans la France du Moyen Age (R. Jacob) et celui de l'esclave noir dans les Etats-Unis du XIXe siècle (R. Clignet). Les abolitions anglaises de la traite puis de l'esclavage au début du XIXe siècle (D. Rigoulet-Roze) ont montré la voie au reste du monde esclavagiste mais avec quelques réticences. En ce qui concerne le génocide (C. de Lespinay), il s'agit de montrer ici combien il est complexe et tendancieux en droit de donner une valeur scientifique au terme " ethnie ", bien qu'il paraisse évident à tous et qu'il ait fondé la reconnaissance juridique des génocides du XXe siècle.
Ce numéro se termine par un dossier sur l'histoire de l'anthropologie allemande du droit, nous présentant l'œuvre de Josef Kohler (1849-1919), peu connu de ceux qui s'intéressent à l'anthropologie du droit.