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« Durant les années 1990, la recherche historique concernant la guerre d'Algérie fut touchée par un mal insidieux et malheureusement profond. On vit montrer au créneau une génération d'historiens jeunes et prétendument désinhibés, mais n'ayant rien connu du conflit et n'ayant surtout qu'une très faible idée des passions et des déchirements qu'il causa. Encensés par les media auxquels ils facilitèrent l'étrange travail de repentance qui a transformé notre pays [...], ils acquirent vite le monopole de la parole publique. Le conflit algérien, c'était eux [...].
Le résultat est aujourd'hui confondant. En pleine guerre contre l'hydre islamiste, le conflit en Algérie comme la période coloniale tout entière sont devenus les sources inépuisables d'un procès de l'armée française et de la France tout court. Ils nourrissent un acte d'accusation partial. Dans cette historiographie jeune et desinhibée, il n'y a guère de préoccupation nationale, ni la crainte d'embellir, fût-ce indirectement, la violence révolutionnaire. »
Jean Monneret est historien. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la guerre d'Algérie, dont "La Tragédie dissimulée. Oran, 5 juillet 1962" (Michalon, 2006) et "Camus et le terrorisme" (Michalon, 2013).