Comptés par Aristote comme l'un des principaux sens de l'être, l'en-puissance et l'en-acte ouvrent dans la Métaphysique une voie négligée, mais qui... > Lire la suite
Comptés par Aristote comme l'un des principaux sens de l'être, l'en-puissance et l'en-acte ouvrent dans la Métaphysique une voie négligée, mais qui permet peut-être d'en dépasser les lectures aporétiques comme les réductions ontothéologiques. C'est cette voie que l'on propose de suivre, en examinant au fil du texte, et dans leur corrélation, la constitution du projet métaphysique d'Aristote et celle du couple conceptuel de la dunamis et de l'energeia. Irréductibles tant à la puissance et à l'action qu'à la matière et à la forme, l'en-puissance et l'en-acte paraissent à même de fonder une ontologie unitaire, qui se dévoile aussi comme une ontologie axiologique, identifiant en l'acte le mode d'être du bien, en l'en-puissance son mode d'action. Cette ontologie porte une pensée singulière du divin : acte, et non « forme pure », sans puissance, mais non pas impuissant, le premier moteur aristotélicien échappe à l'alternative entre le Dieu tout-puissant de la tradition métaphysique et le Dieu faible des inquiétudes contemporaines. Qu'en est-il, alors, du devenir de cette ontologie? On tente de mesurer la portée du geste par lequel Plotin désigne son premier principe non plus comme acte mais comme puissance de tout, dunamis pantôn. Avec lui s'inaugurent peut-être la subversion et l'oubli d'une pensée pour laquelle l'être, et le divin, ne se confondent ni avec la puissance ni avec la présence..
Gwenaëlle Aubry est chercheur au Centre Jean Pépin (CNRS UMR 8230).