Au cours de ces dernières décennies, la référence à la souffrance s'est diffusée de manière croissante dans de nombreuses institutions comme dans... > Lire la suite
Au cours de ces dernières décennies, la référence à la souffrance s'est diffusée de manière croissante dans de nombreuses institutions comme dans le domaine de la recherche en sciences humaines. Saisie en termes de trouble, fragilité, vulnérabilité. elle sert à nommer l'inacceptable et l'injuste au risque de rendre l'individu responsable de ce qui pouvait autrefois désigner le produit des structures sociales ou des violences institutionnelles. Dans le travail de la critique sociale, elle semble remplacer les vieux termes d'exploitation ou d'aliénation. Quel est l'enjeu de nommer de la sorte le négatif de l'existence ? Qu'est-ce que cela suggère quant aux moyens de riposte dont il est possible de se saisir ? L'objectif poursuivi ici est de réarticuler les rapports entre souffrance, justice et politique, pour se dépêtrer des liens mortifères que tissent les souffrances sociales, et réactiver le potentiel critique et créatif qu'elles recèlent également. Thomas Périlleux est sociologue, professeur à l'université catholique de Louvain, membre fondateur du laboratoire « Globalisation, institution, subjectivation » (LaGIS-UCL) et chercheur associé au Groupe de Sociologie Politique et Morale (GSPM, EHESS). Il est notamment l'auteur de Les tensions de la flexibilité. John Cultiaux est sociologue, chercheur senior au Centre de recherche Travail et Technologie de la Fondation Travail-Université et chargé de cours à l'université catholique de Louvain et aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur.