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Situés au cour du village, les Platanes sont le principal lieu de rencontre des hommes, avant et après le travail. Implantés en contrebas, au pied de la colline, les lavoirs sont un lieu réservé aux femmes. Lieux d'intense sociabilité, mais aussi de commérage. Le commérage est un divertissement. Dans une société fermée, c'est aussi l'expression d'un fort contrôle social. Aux Platanes et surtout aux lavoirs, les mauvaises langues s'en donnent à cour joie : « Une telle est une dégavailleuse (gaspilleuse)... et son homme, il pense qu'à campéjer (courir)... » Les conversations vont bon train, les femmes s'escacalassent (rient très fort). Leurs éclats de voix portent très loin. « Des Platanes on les entendait cascailler. » Lorsque le paysan laboure dans un terrain pierreux ou très sec, le soc de la charrue émet des sons métalliques, on dit que ça cascaille. Dans les années 60, à Montpezat, comme dans de nombreux villages, c'est « la fin des paysans ». L'eau courante arrive dans les maisons. Les Platanes sont souvent déserts, et le linge est lavé à domicile. On n'entend plus cascailler, pas plus les femmes que le soc de la charrue. Cent ans de bouleversements dans la vie quotidienne, de changement progressif du système de valeurs (raouber des galines, c'était pas voler !...) sont racontés dans ce livre, avec le souci de donner le premier rôle au langage des gens. Certes l'occitan, dans son intégrité, ne s'entend plus guère que par bribes, mais cette langue subsiste largement sous forme francisée dans les conversations d'une grande partie de la population. Cet ouvrage est le fruit de dix ans d'enquête auprès de la population d'un village gardois. Édité par un aixois, préfacé par un universitaire toulousain, il exprime la culture du midi.