Il parle d'interruptions, d'ellipses, d'écarts, de déroutements, et eux entendent négation, destruction, épuisement. Pauvres eux ! Ils feraient mieux... > Lire la suite
Il parle d'interruptions, d'ellipses, d'écarts, de déroutements, et eux entendent négation, destruction, épuisement. Pauvres eux ! Ils feraient mieux d'apprendre à écouter les naissances, les envois, les advenues, et plus tard les tissages, les enchevêtrements, les intrigues. Ainsi le décalage apparaît-il. Dans la complétude qu'ils invoquent, ils projettent une totalité achevée, une substance, un absolu intangible, et ils se voient eux-mêmes en gardiens de ce monument tout positif. Mais leur autoportrait les trahit : ils sont exclusifs, jaloux, méprisants envers ceux qui n'accèdent pas à cette Vérité, cassants pour ceux qui mettraient en doute qu'elle est suprêmement désirable. Ce sont eux les destructeurs, pense-t-il. Lui ne cesse d'être passionné par les aventures des concepts : ils arrivent, ils se meuvent, ils sont ensemble tissés et assemblés, travail sur les jours qui ne les comble pas mais invente, fait être, laisse respirer. Il aime les émergences, et eux ne voient de la présence que ce qui en fait un édifice irréfutable, une stèle immobile, c'est-à-dire, peut-être bien, la mort.