Accro de littérature et de théâtre, Robert Lévesque nourrit une passion semblable pour le cinéma du monde entier, et c'est cette passion qu'il nous fait partager ici. Une passion éminemment « lévesquienne », c'est-à-dire absolue, dévorante, inséparable de sa vie même et de ce que cette vie a fait de lui. Une passion active, avide, nourrissant une curiosité insatiable, un besoin constant de découvrir et d'admirer, et d'en savoir toujours plus sur ce que l'on découvre et admire.
Dans le style inimitable qui est le sien, il nous ouvre ici les portes de son « cinoche » à lui, qu'il s'est construit peu à peu avec les années, « au privilège du hasard », comme il dit, c'est-à-dire avec les matériaux que la vie lui a apportés, séances de fin d'après-midi, films attrapés à la télé, bouquins, rencontres, anecdotes, souvenirs de jeunesse, etc.
Ce n'est pas une théorie qu'il propose, ni même de l'analyse critique proprement dite, mais plutôt une suite d'instants, de coups de foudre, parfois de divagations - de « décadrages » - qui, tous, parlent évidemment de cinéma, mais en même temps de lui-même et du monde qui nous entoure.
L'ouvrage contient une soixantaine de textes brefs. Ils évoquent tantôt l'ouvre de grands cinéastes du dernier siècle (de Jean Renoir à Truffaut, de Ozu à Bresson, de Buster Keaton à John Huston, d'Agnès Varda à Maurice Pialat), tantôt certains films inoubliables (« Nosferatu », « Un chien andalou », « L'Année dernière à Marienbad », « Le Dernier Tango à Paris »), tantôt encore, cela va de soi, le visage légendaire des stars qui ont fasciné les cinéphiles dans toutes les salles de la planète (Bette Davis, Peter O'Toole, Gérard Depardieu, Ava Gardner, Michel Simon).
Il est aussi question de cinéma québécois, des rapports du septième art avec la littérature (Kleist ou Proust, par exemple), des films non tournés, perdus ou détruits.