- Tu as pris ton petit couteau et tu as ciselé les mots. - C'est cela, l'émail posé sur la vie, une garniture pour la vitrifier. J'ai toujours admiré... > Lire la suite
- Tu as pris ton petit couteau et tu as ciselé les mots. - C'est cela, l'émail posé sur la vie, une garniture pour la vitrifier. J'ai toujours admiré les artisans : ébénistes, potiers, joailliers, peintres et sculpteurs qui ciselaient, modelaient et façonnaient dans la matière les instants de la beauté. Telle est la poésie : une sculpture de l'ivoire intérieur sous l'émail du langage, une pensée captée sur les joyaux d'une existence interne. Elle est la captive libérée pour le plaisir admirateur, miroir de la mémoire et du regard de chaque instant. Le créateur répond à sa propre problématique, celle de chacun d'entre nous : recouvrir d'émail le fugitif. Le peintre et le photographe sont parvenus à des instants tannés sur peau de toile ou de papier. Mais le temps, toujours, nous échappe. Les mots, les maux. Toujours cet émail des mots. La poésie du « coût-haut ». La trace humaine n'a pas de prix. Elle vaut bien tout ce temps passé à la ciselure de l'émail.