Dans ce livre-témoignage, Dominique sassi qui a travaillé vingt ans comme « com- pagnon d'atelier » auprès de pablo picasso parle « avec ses tripes, avec beaucoup d'émotion et un peu de tristesse aussi, car jamais ces souvenirs ne s'effacent ». ce document est rare car il donne la dimension d'un personnage hors du commun, de ses excès et de ses passions grâce aux confessions de l'artiste à celui qu'il considérait comme son meilleur compagnon.
Durant 20 ans il a vécu dans l'ombre du maître. Il l'a vu façonner, peindre, modeler avec passion dans cet atelier Madoura de Vallauris où Picasso a passé ses dernières années et dont il franchit la porte pour la première fois en 1947. « Jules, Jules, arrête, lançait Picasso au tourneur de l'atelier. Et il prenait la pièce pour lui donner la forme qu'il souhaitait. » Dominique Sassi raconte, il avait 16 ans.
De la céramique à la sculpture, de la peinture aux dessins, appliqués comme un trait sur la feuille blanche, Dominique Sassi a absorbé comme une éponge le génie de l'artiste. A aujourd'hui 80 ans, il parle de Pablo Picasso, qu'il appelait maître, comme si c'était hier. « Il était très généreux, quand il était content de notre travail, il nous donnait une petite coupelle avec un taureau dessiné dessus.
Il mangeait toute la production de l'atelier, quand il prenait une pièce, elle était pour lui. Nous, avec les Ramié, on devait chercher autre chose. »Dominique Sassi parle de la boulimie de travail de l'artiste, « mais les grands travaillent beaucoup » précise, admiratif, Dominique en aparté. « Quelquefois nous faisions des séries à partirdes pièces qu'il avait créées. C'est souvent moi qui m'en chargeait et là, je n'avais pas droit à l'erreur, il fallait retrouver le trait, tracer un trait net qui parte du même endroit.
C'était un grand privilège »Mais l'auteur de cet ouvrage n'a pas été seulement son assistant, il fut aussi son confident, celuià qui il a révélé ses états d'âme, ses aventures amoureuses avec détails et anecdotes, ses relations avec ses proches, ses enfants, ses femmes, ses amis. Il fut aussi son conseiller lorsque par moments d'abattements ou de colère, Picasso décidait de tout arrêter... Après sa mort l'auteur continua de soutenir sa veuve, Jacqueline, la dernière compagne du créateur de « Guernica » qui à son tour lui confia ses souvenirs avec l'homme de sa vie.
Ce livre n'est pas seulement un nouveau témoignage sur Pablo Picasso, c'est la découverte de l'homme qui surgit à travers l'artiste dans le soleil de ce midi qui, disait-il, était sa terre promise.