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Dès le début de la mission jésuite dans l'Angleterre d'Elizabeth Ire, lettres, autobiographies, pamphlets s'inscrivent dans un programme mis en place par la Compagnie de Jésus, visant tant à l'édification des catholiques anglais qu'au dénigrement du gouvernement de la reine auprès des peuples européens. À la fois outils de propagande et seuls moyens d'information possibles entre l'île et le continent, les écrits missionnaires permettent à leurs auteurs de donner corps à la communauté récusante clandestine, ainsi qu'à leur mission. Cette production n'est toutefois pas sans danger, les espions de la reine étant nombreux. Pour peu que ces textes tombent entre de mauvaises mains, les conséquences pour leurs auteurs et leurs proches peuvent être dramatiques. C'est pourquoi les lettres sont chiffrées ou écrites à l'encre sympathique afin que le message ne se révèle qu'aux yeux de l'initié. Cette écriture secrète ne suffit pas toujours à protéger le texte. Pour autant, les jésuites ne cessent d'écrire, jusqu'au fond du cachot parfois où la plume et le papier leur sont pourtant interdits. Les graffitis ou les lettres griffonnées à la hâte avec le charbon d'une bougie attestent l'urgence qui préside à l'acte d'écriture, lequel semble dépasser la seule visée programmatique pour revêtir une dimension ontologique, permettant à l'auteur de dépasser le traumatisme de l'expérience immédiate et de renouer avec sa propre identité, mise à mal par l'exil, la prison ou la perspective de l'exécution.