L'emprisonnement fonctionne selon le principe d'une soustraction physique et symbolique de l'individu du cours social ordinaire et de la visibilité publique.... > Lire la suite
L'emprisonnement fonctionne selon le principe d'une soustraction physique et symbolique de l'individu du cours social ordinaire et de la visibilité publique. Qu'en est-il dès lors de la résistance politique au monde carcéral ? La possibilité d'amorcer des mouvements collectifs est réduite à l'extrême, et leur actualisation constitue une menace pour l'ordre carcéral, qu'il convient d'écraser, et/ou de rendre inaudible. Mais l'enceinte carcérale n'est pas un univers immobile et froid. Elle est au contraire un espace en tension perpétuelle dans lequel se jouent de multiples manœuvres et transactions pour maintenir un équilibre précaire entre " guerre " et " paix ". Ce numéro de Cultures & Conflits est l'occasion de discuter la prison comme lieu exemplaire de ces " espaces autres ", de ces hétérotopies au sens de Michel Foucault, et d'analyser ces luttes autour de la prison comme une scène à part entière du politique. Dans une perspective généalogique, donc critique, ce numéro propose d'aborder ces luttes à partir d'un ensemble de cas étrangers et français au cours du siècle qui vient de se clore. Il ne s'agit pas seulement d'exhumer ces moments de résistance pour eux-mêmes mais de contribuer à rendre compte des modalités diverses de lutte qui y furent à l'œuvre, de la multiplicité des instruments de combat qu'elles ont su inventer et des actions qu'elles purent développer dans chaque contexte géographique et historique particulier.