Courir 300 kilomètres - Pour une satisfaction personnelle

Pour l'année de mes 70 ans, je voulais montrer que l'âge n'empêche pas de réaliser un rêve, quel qu'il soit, et d'ailleurs il est important de se lancer des défis. Passant l'hiver dans la région Algarve au Portugal avec mon épouse, nous avons déjà parcouru en randonnée le sentier de grande randonnée de la via Algarviana. Je décide de parcourir ces 300 kilomètres en courant et de réaliser cela en sept jours.
Au moment du départ, j'ai une tendinite à chaque tendon d'Achille ce qui me permet juste de trottiner. Mais j'ai de la pugnacité, je pars quand même. Au soir du premier jour, j'ai une ampoule à chaque pied, elles me font souffrir à chaque pas, mais je poursuis. Mon épouse qui a le rôle d'assistante me soigne mes douleurs. Le troisième jour, alors que j'aborde le point culminant du parcours, le mauvais temps me bloque une bonne demi-journée.
J'en profite pour me refaire une santé. Du coup, je réalise le parcours en huit jours en forçant sur les deux dernières journées. Durant cette course, j'ai poussé mon corps au-delà de ses limites et je me suis battu avec moi-même. J'ai dompté, voire adopté la douleur qui m'a accompagnée quotidiennement. Mon mental, mais aussi les mots et la présence de mon épouse m'ont permis de ne pas jeter l'éponge.
Enfin dans ces paysages isolés, où en une journée il m'arrivait de ne croiser personne, c'est un lien extraordinaire avec la nature que j'ai créé, car dans son silence, on termine par ne plus faire qu'un avec elle.