Le discours sur la corruption a pour référent une pratique constante, généralement décriée par tous, même par ceux qui se plaisent à l'effectuer... > Lire la suite
Le discours sur la corruption a pour référent une pratique constante, généralement décriée par tous, même par ceux qui se plaisent à l'effectuer dans l'ombre. Elle constitue pour l'homme une expérience ambiguë : elle est douloureuse ou agréable selon que le sujet la subit ou selon qu'il l'éprouve à son avantage. Cette ambiguïté traduit le défaut d'universalité, non du fait, mais du principe de la corruption : dans son fait, la corruption se pratique dans le temps et dans l'espace. Mais elle est en principe condamnée par tous. La corruption n'a même pas de principe. Elle n'est déductible d'aucun principe. Elle ne se tire d'aucune exigence rationnelle, civile ou morale, car elle contredit tout principe. C'est pourquoi elle est l'ailleurs de la raison, du droit et de la morale. Etant donné qu'elle est l'antithèse du principe, rien ne garantit en principe son universalité. D'où son existence ambiguë : elle n'existe que dans le discrédit. Même ceux qui la pratiquent coutumièrement la discréditent officiellement et l'éprouvent douloureusement lorsqu'ils en pâtissent personnellement.