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« On dirait qu'une fois de plus dans l'histoire de la France, ce sont les populations victimes de l'exclusion qui initieront des innovations politiques dont tout le monde ressent le besoin. Face à une vie sociale et à un lien social en décomposition, les cités sont peut-être l'un des lieux importants où s'amorcent d'ores et déjà des solutions. Les exclus d'aujourd'hui seront peut-être ceux qui malgré eux et sans forcément le vouloir poseront les jalons d'une démocratie plus réelle, moins illusoire. » Événement majeur de la décennie 80, la première Marche contre le racisme et pour l'égalité, partie de Marseille en octobre 1983 pour déferler sur Paris deux mois plus tard, a été l'acte de naissance d'un mouvement social : l'entrée en politique des jeunes des banlieues issus de l'immigration. Ce nouvel acteur collectif questionnait de manière critique les rapports entre pouvoir, démocratie et citoyenneté. Puis, initiatives et expériences se multiplient, même si la plupart se font plus discrètes ou plus locales. Mais, en dépit de leur fragilité, elles contribuent à l'émergence de nouvelles formes de citoyenneté. En ce sens, la décennie 83-93 est un véritable laboratoire en matière d'innovation sociale. À partir d'entretiens menés auprès d'une vingtaine d'acteurs de la Marche des banlieues de 1983 et de l'après-marche, cet ouvrage tente de restituer une mémoire remarquable par sa richesse et sa diversité, celle d'une décennie de « passions citoyennes », et à partir de son analyse critique, de tracer des perspectives pour une transformation politique et sociale de la société française.