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La poésie et le théâtre font plus volontiers parler les bêtes que les plantes, car il est plus évident et plus facile de comparer un homme à un animal et de prêter notre langage à ceux qui ont déjà le leur. Si notre verve familière met parfois en scène le végétal humanoïde, notre inspiration semble un peu courte en ce domaine. Mais voici Jules Alessandrini ! Il possède les ressources imaginaires et la fantaisie nécessaires pour dresser côté jardin un théâtre original, où les légumes les plus humbles trouvent enfin l'occasion de s'exprimer avec panache. Ce poète a de toute évidence les dons de l'auteur dramatique, le sens des dialogues et des situations, l'art de cerner les caractères. Il y apporte, avec une certaine coquetterie d'orfèvre en prosodie, une élégance toute classique et l'esprit d'un Rostand du potager. Cependant, son divertissement réussi est aussi le moyen que choisit le poète pour paraphraser la comédie humaine, le fabuliste n'étant jamais séparable du moraliste.