Alors que l'expression « lien social » a fait florès en France, au point que son sens s'en trouve désormais souvent dilué et amoindri, il nous a... > Lire la suite
Alors que l'expression « lien social » a fait florès en France, au point que son sens s'en trouve désormais souvent dilué et amoindri, il nous a semblé intéressant de retrouver la force de ce concept et d'envisager comment il pouvait permettre de rendre compte de réalités socio-politiques et socio-économiques irlandaises, alors qu'il semble fédérer, sans toutefois totalement englober, les concepts anglo-saxons de social bond et de community. Au fil de l'histoire de l'Irlande, les modalités du lien social ont connu à la fois des invariants, des évolutions, des mutations. Comment le colonisateur s'est-il accommodé (ou non) des structures antérieures ? Peut-on parler du lien social au singulier dans l'Irlande coloniale ? Comment le jeune État-nation, issu d'une guerre d'indépendance puis d'une guerre civile, a-t-il cherché à intervenir dans la reconstruction et le maintien de ce lien ? Qu'en est-il du lien social dans une Irlande post-moderne, où l'individualisme et les cellules restreintes semblent s'affirmer au détriment du collectif ? Comment la question se pose-t-elle en Irlande du Nord, où s'étend la « ligne de paix », c'est-à-dire le mur qui sépare quartiers catholiques et quartiers protestants ? Les articles qui composent ce recueil relèvent du domaine de la civilisation. La première partie de l'ouvrage explore les modalités de compositions et de recompositions du lien social au fil de l'histoire d'une Irlande assujettie sous diverses formes à la puissance britannique, jusqu'aux premières années du jeune État-nation au début du XXe siècle. La seconde aborde cette notion dans une perspective résolument contemporaine et comporte des analyses du lien dans diverses mises en ouvre : dans l'éducation, l'économie et les entreprises, les réseaux politiques et associatifs. Trois thématiques enjambent les divisions temporelles : la religion, la femme et la famille, ainsi que les rapports socio-économiques.