« Que lui dirai-je lorsqu'elle se réveillera ? Folle, folle, pensai-je qui s'imagine que, de toute éternité, nous étions destinés à nous appartenir ».... > Lire la suite
« Que lui dirai-je lorsqu'elle se réveillera ? Folle, folle, pensai-je qui s'imagine que, de toute éternité, nous étions destinés à nous appartenir ». Jean-Louis a-t-il raison contre Florence ? Ne sommes-nous pas conduits en aveugles là où il est de notre destin d'échouer ? Louis Dubrau laisse à ses personnages le soin de répondre. Ils le font sans élever la voix, sans forcer le ton. Cependant, il apparaît bientôt que chacun d'eux, dans le cadre de sa vie journalière, sans histoire, nourrit un regret, une rancour, un désir d'évasion. Tous ont une vie secrète qui les détermine à leur insu. De temps à autre, un mot, un geste les éclairent sur eux-mêmes. « J'ai toujours eu très vif le sentiment que ce qu'on laisse échapper est à jamais perdu, que chacun de nos actes est lié à une heure bien précise, en dehors de laquelle c'est le pasticher que de l'accomplir », écrira François. Et Pierre de soupirer : « Nul ne ressemble davantage à un intrus que l'honnête père de famille qui rentre chez lui, au terme d'une journée de travail ». Les six personnages de ce roman qui, tour à tour, se livrent à une confession, sont éclairés par des traits d'observation qui touchent à la vérité des cours. Ils nous ressemblent ; ils ne savent pas plus que nous s'accepter tels qu'ils sont ; ils attendent qu'un autre être vienne éveiller l'inconnu qui dort en eux..., à moins qu'ils ne partagent, tôt ou tard, la secrète condition de gisant.