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Inachevée, la dernière ouvre de Chrétien de Troyes a suscité de nombreuses continuations. Leurs auteurs ont systématisé la dimension chrétienne du graal, que Chrétien n'avait fait que suggérer, et ont recentré le récit sur Perceval et sur sa quête. La tradition critique moderne, dans son ensemble, a suivi les traces des conteurs médiévaux, préférant Perceval à Gauvain et relisant Le Conte du Graal à la lumière de textes délibérément tournés vers une interprétation mystique du saint Graal et de ses secrets. Notre dette à l'égard de cet intertexte critique patiemment tissé depuis plus d'un siècle, est immense. Dans cette approche, nécessairement fragmentaire, d'un récit qui résiste à toute lecture univoque, nous avons cependant choisi de retrouver un équilibre, inscrit dans le texte, entre Perceval et Gauvain ; l'un, chevalier confirmé d'abord égaré, mais qui réactive, dans le temps retrouvé du château des reines, les valeurs fondatrices de l'utopie arthurienne ; l'autre, héros neuf, confronté à une violence qu'il s'épuise à maîtriser, et dont le destin était peut-être de revenir au val perdu de l'enfance pour y revivre la joie des commencements.