Les critiques ne se contentent plus de passer la littérature de notre temps au crible de leur jugement. Réfléchissant sur leur propre métier, ils... > Lire la suite
Les critiques ne se contentent plus de passer la littérature de notre temps au crible de leur jugement. Réfléchissant sur leur propre métier, ils s'efforcent de le rattacher à telle ou telle discipline ou école à la mode. La critique se veut ainsi psychanalytique, thématique ou structuraliste. Du même coup, le ton s'appesantit et devient facilement acariâtre. Philippe Sénart préfère pour sa part la critique au grand air, celle que recommande Thibaudet, infatigable « marcheur » de la littérature, qui aimait à suivre les idées au hasard de ses promenades et à leur faire un brin de cour. Admettant au départ que les règles sont brisées et que rien ne subsiste d'un quelconque « canon » de l'art de bien écrire, il s'en remet à son humeur - et il se trouve qu'elle est naturellement vagabonde. Pourtant, lorsqu'on est parvenu au terme de cette flânerie parmi les livres, on s'aperçoit que la moisson est riche. De Raymond Abellio à Jean-Paul Sartre en passant par Becket, Céline, Drieu La Rochelle, Fraigneau, Guéhenno, Léautaud, Mauriac, Nimier, Robbe-Grillet et Sagan, ces vingt-quatre chapitres composent une sorte de traité de littérature française contemporaine, plein d'aperçus originaux et de lumineuses intuitions.