Avec « Celles qui ne voulaient pas mourir », Régina Wallet a sans doute écrit son maître-livre. Le talent de la romancière de « J'aimais un... > Lire la suite
Avec « Celles qui ne voulaient pas mourir », Régina Wallet a sans doute écrit son maître-livre. Le talent de la romancière de « J'aimais un prisonnier » et de « Le sang de la vigne », s'y retrouve, certes, dans toute sa vigueur et ce style qui ne concède rien à la littérature, mais il y a, ici, quelque chose de plus, parce que la trame sur laquelle il enchaîne, est d'une précise - et atroce - authenticité humaine. « Celles qui ne voulaient pas mourir », ce sont les héroïnes de Ravensbrück, et l'évocation de ce nom seul dispense de rien ajouter. Mais ce qui fait la force de ce livre, c'est le don de vie, que Régina Wallet donne aux figures et aux faits, un don assez extraordinaire, pour qu'à la lire, on se sente présent aux scènes qu'elle décrit. On suit, jour après jour, parfois heure après heure, le long calvaire de ces femmes plongées dans l'horreur d'un camp de la mort, mais s'accrochant à ce qui leur reste de vie comme pour affirmer, en face de la ruine de toute civilisation, la divine noblesse de la dignité humaine. Et comme on s'attache à ceux que l'auteur détache du troupeau : Valentine, qui puise dans l'affreuse condition de cet univers concentrationnaire, la force surhumaine qui l'élève jusqu'aux sommets de la fidélité et du renoncement ; Klaus-Ulrich, personnalité fière et tragique de l'homme déchiré entre les deux passions : celle de son pays meurtri et celle qui le lie à la femme ennemie ; Et encore le bouleversant visage de la petite Juive Rebecca, victime expiatoire, qui trouve assez d'amour au fond de son cour pour oublier sa haine. Récit hallucinant, tendre et fort, auquel le patronage des grandes associations de Déportés confère un label d'authenticité. On lira « Celles qui ne voulaient pas mourir » comme un roman. Le roman d'une époque dantesque, encore proche et déjà si lointaine, que nous n'avons pas le droit de méconnaître ou d'oublier, et dont ce livre porte le lucide et accablant témoignage. Il faut lire - et faire lire - « Celles qui ne voulaient pas mourir », pour la valeur de ce témoignage, et aussi pour sa valeur littéraire propre, qui apparente Régina Wallet aux meilleurs écrivains de ce temps. D. J. M.