De mes deux nounous, l'une, mon arrière-grand-mère paternelle, la négresse Fidéline, était plus volubile qu'un jacquot-répète tandis que l'autre,... > Lire la suite
De mes deux nounous, l'une, mon arrière-grand-mère paternelle, la négresse Fidéline, était plus volubile qu'un jacquot-répète tandis que l'autre, ma grand-mère maternelle, la Chinoise du quartier de Sainte-Thérèse, la célébrissime Meï-Wang, grande préparatrice de gamelles devant l'Éternel, était fort cousue et secrète sur le chapitre de sa vie. Cette dernière continuait à rêver, malgré quatre décennies de vie à la Martinique, de finir ses jours à Shanghai et d'y être inhumée.
Pour les immigrants chinois du milieu du XIXe siècle, l'arrivée dans la société créole martiniquaise constitua un choc culturel. Dominée par la brutalité et la violence, cette société ignorait les sagesses millénaires telles que le bouddhisme et le confucianisme. Case à Chine évoque les destins croisés de trois familles chinoises qui tentent d'échapper à l'enfer des plantations pour s'intégrer à la vie urbaine de la Martinique. À travers des personnages masculins, tels que le rebelle Chen-Sang et le docteur Yung-Ming, ou féminins, tels que Meï-Wang et sa fille Mâ, surnommée Poupée de Porcelaine, Raphaël Confiant retrace, dans le français teinté d'archaïsme des îles, l'épopée oubliée de milliers de Chinois forcés d'abandonner leur pays et sommés de s'adapter à une nouvelle culture et à une nouvelle langue.