La recherche brésilienne sur l'esclavage est l'une des plus riches au monde. Cet ensemble de textes souhaite en montrer la vitalité mais aussi les «... > Lire la suite
La recherche brésilienne sur l'esclavage est l'une des plus riches au monde. Cet ensemble de textes souhaite en montrer la vitalité mais aussi les « accents ».
Sans jamais se déprendre d'une rigueur qui les conduit à n'avancer que pas à pas dans la démonstration et en s'appuyant toujours sur une source explicitement convoquée, les chercheurs brésiliens semblent être devenus de plus en plus soucieux, ces dernières années, des pièges de la mise en récit et de l'illusion narrative. Ils sont experts dans l'art de tresser les diverses histoires possibles (ou probables) que les sources permettent d'imaginer à partir des représentations contrastées qu'elles conservent. Ils ont appris à lire les paroles couchées sur le papier pour en faire renaître, au-delà du propos, les intentions, les effets attendus, les ruses, les tours rhétoriques. Par là, ils dévoilent de plus en plus clairement la parole dominée dans l'acte même qui tente de la réduire.
Si les esclaves qui ont vécu au Brésil n'ont jamais laissé, à de très rares exceptions près, de traces directes de leurs mots, ils sont certainement aujourd'hui ceux qui, par-delà le temps, parviennent le plus efficacement à se faire entendre.
Jean Hébrard, historien, est co-directeur du Centre de Recherches sur le Brésil Colonial et Contemporain (CRBC) à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et professeur invité du département d'histoire de l'Université du Michigan. Il travaille sur l'histoire sociale et culturelle des sociétés esclavagistes et post-esclavagistes dans le monde atlantique.