À l'origine était le wassan kara, une fête théâtrale dans la population haoussa de Zinder, au Niger. Il s'agit de représenter les événements politiques,... > Lire la suite
À l'origine était le wassan kara, une fête théâtrale dans la population haoussa de Zinder, au Niger. Il s'agit de représenter les événements politiques, avec les personnalités officielles du moment en les faisant jouer par des monsieur-tout-le-monde qui en sont les sosies. C'est ainsi que Bodo le colonisé tint le rôle de Baudot le colon, à la fin des années quarante. On ne peut pas confondre Bodo et Baudot, dont les noms sont homophones. Ils ne s'écrivent pas de la même façon. Des deux porteurs, l'un est noir et l'autre blanc. L'un nigérien, l'autre français. Pourtant, il y a des moments de leur vie où tous les deux sont africains, peut-être, où tous les deux sont européens. Qui est univoque? On ne peut pas confondre non plus Bodo, qui est Bodo le père, et Bodo, qui est Bodo le fils. Entre le Niger et la Champagne, entre Zinder ou Niamey et Colombey-les-Deux-Églises, il y a l'Indochine en guerre, les camps d'entraînement de guérilleros au Ghana, les paysages du grand fleuve, l'origine des hommes, les amours et les familles... Entre 1940 et aujourd'hui, un morceau de l'Afrique roman.