Au xvie siècle, les Bilbanais contrôlent une économie puissante dont les différents secteurs sont interactifs (construction navale, industrie du fer,... > Lire la suite
Au xvie siècle, les Bilbanais contrôlent une économie puissante dont les différents secteurs sont interactifs (construction navale, industrie du fer, commerce, pêche, transport). Cette économie commerciale est également guerrière, car les Biscayens fournissent au roi des navires et des armes pour le besoin des conflits. Ces secteurs d'activités à double utilité, intimement liés entre eux, constituent un des atouts majeurs du port de Bilbao. D'ailleurs, tandis que la bibliographie tendait à faire de Séville le centre économique de la vie espagnole et européenne dans la première moitié du xvie siècle, il s'avère que les échanges de Bilbao avec le reste de l'Europe équivalent à ceux de la métropole andalouse avec l'Amérique jusqu'aux années 1560-1570. L'influence de la découverte du Nouveau Continent sur la structure du commerce espagnol et européen s'avère donc progressive et assez tardive, ce qui nous amène à reconsidérer les modèles établis par Pierre Chaunu et Immanuel Wallerstein. L'importance du réseau de commerce et de pouvoir que contrôlent les Bilbanais au xvie siècle explique en partie les performances du port de Bilbao. Aux côtés des gens d'affaires de Burgos avec lesquels ils coopèrent, ils constituent l'un des ferments de maturité du milieu marchand européen. Même si ces deux groupes marchands sont liés, le succès des entrepreneurs bilbanais survit à la baisse de régime de l'économie castillane. Dans les dernières décennies du xvie siècle, en raison des guerres dans le nord-ouest européen qui entravent notablement le commerce, ils reconvertissent leurs investissements dans l'achat de marchandises locales et castillanes, dans le commerce avec la Péninsule Ibérique et le Nouveau Monde, et dans de nombreux placements financiers. Mais il y a plus, car à cette époque plus d'un navire de guerre sur deux est construit en Pays Basque. Grâce aux commandes royales, les chantiers navals biscayens et les fabriques d'armes tournent à plein régime, au moins jusqu'au début du xviie siècle, compensant en partie les manques à gagner dans le domaine commercial. Cette faculté particulière de reconversion des activités renvoie aux réseaux sociaux de nos marchands et à leur activité de financiers. A cet égard, les Bilbanais organisent des stratégies de manipulation vis-à-vis de leurs homologues castillans, de la haute noblesse et du monarque, et constituent un groupe de pression avec lequel l'État castillan doit transiger.