La personnalité de Beaumarchais est d'une grande complexité. C'est autant par ses aventures, que par ses mérites, que ce fils d'artisan connut la célébrité.... > Lire la suite
La personnalité de Beaumarchais est d'une grande complexité. C'est autant par ses aventures, que par ses mérites, que ce fils d'artisan connut la célébrité. Tour à tour horloger, inventeur, professeur de musique des filles du roi, pourvu d'un emploi à la Cour, bientôt anobli, les fonctions de magistrat auxquelles il va accéder, ne l'empêcheront pas de brasser d'importantes affaires. Chargé de missions secrètes par les gouvernements de Louis XV et de Louis XVI, il deviendra plus tard le conseiller diplomatique de Vergennes, qu'il convaincra de la nécessité de soutenir les colons d'Amérique dans leur révolte contre l'Angleterre. Le ministre de Louis XVI lui ayant confié la tâche de fournir aux insurgés les armes, les munitions et les approvisionnements qui leur font défaut, il deviendra l'animateur et l'organisateur de la victoire de la jeune république du Nouveau-Monde. Une activité aussi multiple eût pu suffire à perpétuer la mémoire de Beaumarchais. Mais, à ce personnage à la fois ambitieux et désintéressé, à ce mythomane assoiffé de gloire et sincèrement généreux, à cet homme-protée que l'on a successivement loué et critiqué, il convient de reconnaître encore plusieurs titres de gloire. Il demeure, avant tout, l'impérissable auteur du "Barbier de Séville" et du "Mariage de Figaro", qui le situent après Molière au premier rang des grands classiques. L'esprit frondeur de Figaro a incarné les idées nouvelles bien avant la Révolution. En dépit des interdictions et des tracasseries. Beaumarchais fut le premier qui eut le courage d'éditer l'ouvre de Voltaire. Il y risqua sa liberté et sa fortune. Il dut livrer des batailles acharnées pour défendre les droits des auteurs contre l'avidité des comédiens, et fut le fondateur et premier président de la société des auteurs dramatiques. La fin de sa vie faillit à plusieurs reprises tourner en tragédie. Celui qui fut longtemps un des hommes les plus fêtés, les plus adulés du XVIIIe siècle, connut, pendant la Terreur, des moments particulièrement cruels. Calomnié, ruiné, déshonoré par ses ennemis, il ne cessa de lutter courageusement contre l'adversité. Le livre de Marcel Pollitzer a le mérite de ne passer aucun fait sous silence et de comprendre une cinquantaine de lettres et de documents inédits du plus grand intérêt.