Baudelaire est mort depuis longtemps et son génie reste si présent, si doué de prodigieuses qualités de vie agressive et militante, qu'il est impossible... > Lire la suite
Baudelaire est mort depuis longtemps et son génie reste si présent, si doué de prodigieuses qualités de vie agressive et militante, qu'il est impossible de citer son nom sans provoquer une explosion de sentiments divers où la haine et l'admiration ont part égale. Il en fut toujours ainsi...
Baudelaire ne se soucie point d'être confondu avec le professionnel homme de lettres. Il aurait horreur d'écrire par métier. Composer des vers n'est pour lui qu'un moyen de parfaire le dandy qu'il veut être ; c'est un signe de distinction, de supériorité ; c'est un surcroît d'élégance ; une fleur à la boutonnière. Son ambition, c'est d'utiliser ses loisirs à s'affiner par la méditation, à cultiver sa sensibilité, à s'accroître intérieurement d'une riche moisson spirituelle.
Il ne faut pas voir dans le dandysme de Baudelaire une conception frivole ; l'unique souci d'occuper, coûte que coûte, la galerie et de régenter la mode ; un futile essai de singularité. C'est tout autre chose. Être dandy à son sens, c'est « aspirer au sublime ».