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La question du droit des gens ou droit des peuples dont l'origine est à rechercher dans l'Antiquité grecque participe à la constitution de ce que l'on pourrait appeler le devenir juridique de l'humanité dont l'avènement du droit international et des droits de l'homme incarne tour à tour les manifestations historiques. Ce long parcours permettant d'appréhender la conversion du droit des gens en un droit international ne saurait masquer les difficultés et les ambiguïtés qui y président. En effet, 1°) La question de l'origine du droit des gens est indissociable de la liaison problématique entre la nature et la convention, entre l'universalité du droit naturel et la particularité du droit positif. 2°) La question de son fondement requiert, pour en sauvegarder la spécificité, l'instauration de son degré de parenté, ainsi que de sa différenciation d'avec la norme idéale que représente le droit naturel pour la pratique humaine. 3°) La question de sa finalité doit ouvrir un chemin vers l'élaboration d'un devenir éthico-juridique de l'humanité tout en respectant la diversité inaliénable de cette même humanité. Il appartient au droit des gens de promouvoir l'égalité en dignité pour l'ensemble des nations qui possèdent par là même des droits et des obligations communes. Un tel droit est inséparable d'une représentation de l'humanité comme communauté homogène lui conférant des devoirs découlant de sa sociabilité et des possibles auxquels son devenir historique la confronte. Le droit des gens permet par conséquent de tracer la voie conduisant à l'émergence du droit international, tout comme il préfigure une universalité à venir, celle des droits de l'homme.
Jean-Paul Coujou
Jean-Paul Coujou est membre de l'Institut Michel Villey (Paris) et membre observateur au C. I. B. à l'UNESCO. Agrégé de philosophie chaire supérieure, docteur (Paris I Sorbonne) habilité à diriger des recherches (Paris IV Sorbonne), il a suivi une formation en droit, économie et relations internationales à l'Institut d'études politiques de Toulouse. Il exerce actuellement en tant que professeur à la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Toulouse où il dirige le laboratoire "Éthique, philosophie, sciences et société". Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages et prix Charles Lévêque de l'Académie des Sciences morales et politiques en 2012.
Il a notamment publié: Philosophie politique et ontologie (2 volumes, L'Harmattan, 2006), Droit naturel et humanité chez Burlamaqui (Dalloz, Paris, 2007), Suárez. Disputes métaphysiques 28-29 (J. Millon, Grenoble, 2009), Vitoria. Leçon sur l'homicide (Dalloz, Paris, 2009), Pensée de l'être et théorie politique. Le moment suarézien (Peeters, Louvain, 3 volumes, 2011-2012) prix Charles Lévêque, Académie des Sciences morales et politiques, (Institut de France), Droit, anthropologie et politique chez Suárez, (Artège, Perpignan, 2012), Francisco de Vitoria. La justice, (Dalloz, Paris, 2014).