Aristide France, concierge de son état, parle : il semble que, dans l'immeuble, un crime ait été commis. Autour de lui, une douzaine de personnes... > Lire la suite
Aristide France, concierge de son état, parle : il semble que, dans l'immeuble, un crime ait été commis. Autour de lui, une douzaine de personnes l'écoutent - et parlent leur vie, à part elles, en silence. Le temps que le monde alentour se fasse également et se détruise. Le monde, c'est-à-dire aussi bien l'amour, l'amitié, la violence, la révolution, l'engagement politique que la tasse de lait du petit chat, qu'un jeu télévisé ou que la grande incertitude d'une course cycliste. Toute parole, tout discours, en même temps qu'il fait le monde, le défait et le détruit. Et celui qui parle suscite chez celui qui l'écoute une autre parole, un autre discours qui,. de la même manière, s'organise et s'anéantit. Parler d'une chose ou de toutes choses, parler pour dire quelque chose ou pour ne rien dire, pour dire le rien, parler d'hier, de maintenant, de jamais, de toujours, de demain, il n'y a là en somme qu'une seule réalité, avec ses fulgurances et ses méprises, celle du langage. C'est cette réalité que Jean-Baptiste Baronian, ici, s'efforce de dévoiler - ou, mieux, de déplier -, avec une verve et une acuité qui nous enchantent.