Avant de partir pour le Maroc, en 1936, le peintre Nicolas de Staël lit tous les soirs à haute voix des passages d'Au Maroc, de Pierre Loti. C'est dire... > Lire la suite
Avant de partir pour le Maroc, en 1936, le peintre Nicolas de Staël lit tous les soirs à haute voix des passages d'Au Maroc, de Pierre Loti. C'est dire que cinquante ans après sa publication, en 1889, ce récit de voyage paraissait encore essentiel et moderne. Il a régulièrement été apprécié par la critique, à l'unisson d'un Montherlant le saluant, en 1951, comme « le meilleur livre » qu'il ait lu sur ce pays.
Pierre Loti (1850-1923) ne dut pas au hasard de sa carrière maritime son voyage marocain, ni même à un désir personnel (comme pour la Terre sainte, l'Inde ou l'Égypte). C'est sur l'invitation du nouvel ambassadeur Jules Patenôtre qu'il accepta d'accompagner la mission diplomatique visant à introniser le nouveau
représentant de la France auprès du sultan Moulay-Hassan. De telles délégations avaient l'habitude de s'entourer d'artistes et d'écrivains susceptibles d'en pérenniser l'éclat, et Loti, l'ami des Turcs et du monde musulman, était tout désigné aux yeux de Patenôtre pour devenir l'historiographe de cette ambassade en pays d'islam.