Notre réponse à la question de l'échec constitue aujourd'hui un problème pour la philosophie. Convaincus de ses prétendues vertus par des psys et... > Lire la suite
Notre réponse à la question de l'échec constitue aujourd'hui un problème pour la philosophie. Convaincus de ses prétendues vertus par des psys et des coachs pourtant peu convaincants sur ses tenants et ses aboutissants, nous nous méprenons en effet gravement sur l'échec. Dans une insatiable logique de la réussite, l'envie qui est la nôtre d'en tirer parti crée le besoin de le rendre autre qu'il n'est. Fût-il cuisant, fût-il complet, nous n'en parlons plus que comme d'un insuccès, nous ne le pensons plus que comme une chance. Qui ne sait toutefois que les réussites dans la vie ne font pas forcément la réussite de la vie, ni les échecs son échec ? Fermons donc l'oreille au nihilisme afin de rouvrir les yeux sur ces truismes : le bonheur n'est pas plus la réussite que la réussite le succès?; et si rater sa vie ne signifie pas nécessairement la gâcher, on ne peut manquer de la manquer au regard de l'inexorable loi de l'échec. Cela ressaisi, le seul désir qui mérite d'être cultivé ici-bas est d'échouer pour arriver, mieux : d'arriver à s'échouer. Aussi l'idée de l'échec conduit-elle in fine à entrer dans le registre de la marine, pour y envisager ex nunc notre existence comme une traversée.