Au bal de la chance

« Regardez cette petite personne dont les mains sont celles du lézard des ruines. Regardez son front de Bonaparte, ses yeux d'aveugle qui vient de retrouver la vue. Comment chantera-t-elle ? Comment sortira-t-elle de sa poitrine étroite les grandes plaintes de la nuit ? Et voilà qu'elle chante ou, plutôt, qu'à la mode du rossignol d'avril elle essaie son chant d'amour. » Jean Cocteau (extrait de la préface) Cinq ans avant sa mort, Édith Piaf avait dicté ses mémoires.
Elle y évoque ses débuts difficiles de chanteuse des rues, sa rencontre avec Louis Leplée, le patron de cabaret qui lui donna sa chance, sa curieuse idylle avec le soldat qui a inspiré à Raymond Asso Mon Légionnaire . Elle se souvient comment elle devint la coqueluche des intellectuels, notamment de Jean Cocteau, qui écrivit pour le couple Meurisse-Piaf le succès de la saison théâtrale 1940, Le Bel Indifférent .
Aves cette franchise qui n'appartient qu'à elle, elle évoque les hommes de sa vie, Montand, Eddie Constantine, son mari Jacques Pills, et bien d'autres. Ses refrains ont fait le tour du monde. Celle qui a interprété La Vie en rose ou La Complainte de la butte a choisi Au bal de la chance pour titre de son autobiographie, publiée en Suisse en 1958 et, repris dans une édition annotée aux éditions de l'Archipel, en 2003.