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Instable comme un « oiseau migrateur » à la recherche de la belle saison et du grain, immature comme un « enfant », telles sont les images qui viennent à Aristote et Platon pour évoquer le métèque, c'est-à-dire l'étranger qui vit et travaille avec le citoyen à Athènes aux V ? et IV ? siècles avant J.-C. Et pourtant, à l'inverse du discours classique, Saber Mansouri donne à lire une cité athénienne où les métèques vivent, travaillent, font la guerre et expriment leur attachement à la cité. L'auteur déconstruit donc la figure d'un métèque imaginaire ou modernisé, un métèque qui serait uniquement attiré par les gains, versatile, toujours prêt à trahir et devant en conséquence être surveillé de près.
Par cette approche, qui invalide le discours d'idéologues modernes puisant dans l'histoire les sources de la discrimination raciale, juridique et culturelle entre citoyens et étrangers, les métèques, bons ou mauvais, sont rendus à leur polis et à leur temps. Eux aussi sont Athènes. Jamais ils n'ont été confrontés à nos concepts contemporains de tolérance, de racisme ou de xénophobie. Ils participent pleinement à l'équilibre politique et social de la démocratie athénienne. Ils peuvent ainsi dire publiquement, selon les mots d'Aristophane : « Nous voulons habiter avec vous, nous avons envie de vos lois. »
Né en Tunisie, Saber Mansouri est historien. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels L'Islam confisqué : manifeste pour un sujet libéré (Actes Sud, 2010) et Athènes vue par ses métèques (Tallandier, 2011).