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« Avant de visiter les belles collections du musée Gioénie, du couvent des Bénédictins, du prince Biscari et de M. Maravigna, ainsi que les divers monuments de Catane, nous voulûmes faire notre ascension à l'Etna, sans nous dissimuler toutes les fatigues qui nous attendaient. Nous nous adressâmes donc à notre hôte, M. Abbate, que nous recommandons à nos successeurs, et il se chargea de nous faire tenir prêts, le lendemain matin, quatre mulets avec deux guides. L'un de ces mulets devait transporter nos provisions de bouche, un petit sac de charbon pour nous réchauffer à la casa degl' Inglesi, où nous devions passer. la nuit, et quelques objets divers ainsi que nos manteaux. J'oubliais deux matelas d'environ six centimètres d'épaisseur sur trente-trois de largeur, et des couvertures de laine que devait nous céder M. le prince de Lus...ge, qui était parti la veille pour la même excursion, et que nous devions nécessairement rencontrer à son retour soit à Nicolosi, soit plus haut.
Notre petite caravane ne peut quitter la rue du Corso qu'à cinq heures du matin seulement, par suite d'un accident survenu à l'un de nos mulets. Déjà un grand nombre d'habitants circulent dans les rues, et nous rencontrons des catanaises enveloppées de leurs longs mezzaros de soie noire, qu'elles portent comme les levantines, en ne laissant voir que le nez et de beaux yeux noirs. Nous déplorons cet usage barbare qui nous masque souvent les formes gracieuses du beau sexe sicilien, et nous demeurons convaincus qu'une semblable mode n'a pu être inventée que par un jaloux ou par une femme disgraciée de la nature. »
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.