Artaud est l'un des auteurs contemporains qui, sans conteste, ont façonné la pensée et l'écriture de notre temps. Cet homme au destin tragique, à la vie tourmentée, dont l'ouvre sulfureuse ne cesse, depuis trente ans, de provoquer et de fasciner, a influencé tous les genres : poésie, théâtre, cinéma... Peu de célébrités qu'il n'ait côtoyées ou rencontrées : Rivière, Paulhan, Breton, Char, Dullin, Vitrac, Gance, etc.
Et pourtant, ce créateur unique, exigeant, irremplaçable, mythifié de son vivant même, fut arbitrairement enfermé à l'asile et, durant dix ans, retranché du monde des vivants. On ne compte plus les livres, articles et commentaires traitant d'Antonin Artaud, lequel figure d'ailleurs maintenant au programme de l'Université. Cet ouvrage ne se veut donc pas une nouvelle approche de l'homme qui, pour beaucoup, reste le cri, la poésie à l'état pur, la violence première, le paroxysme et la fulgurance.
Il s'agit plutôt de la spectrographie d'une ouvre et d'un créateur souvent déroutants. D'une part, par les témoignages aujourd'hui introuvables qui furent, aux lendemains de la mort du poète en 1947, publiés par les revues K, 84 et France-Asie ; d'autre port, par les témoignages actuels d'amis d'Artaud ou par des critiques ou dramaturges inspirés par son ouvre : Jean Wahl, Georges Patrix, Jouhandeau, Colette, Char, Daumal, Jean Painlevé, Soupault, Robert Aron, Otto Hahn, André Almuro, etc.
Enfin, certains textes d'Antonin Artaud, peu connus ou inédits s'ajoutent à cet ensemble complété par une importante iconographie donnant du poète une illustration souvent insolite.