De même que l'on dit : « question de point de vue », tout est question d'angle. D'où l'importance de se tenir à l'écoute et de savoir aussi,... > Lire la suite
De même que l'on dit : « question de point de vue », tout est question d'angle. D'où l'importance de se tenir à l'écoute et de savoir aussi, avec Claudel, que « l'oil écoute »... C'est la démarche originale du poète : Irène de Saint Christol se met à l'écoute du peintre Annibel et sait se déplacer subtilement autour du donné à voir. Le « support de méditation » que proposait Albert Gleizes se trouve dans ce livre en situation privilégiée. L'image provoque et incite, libère dans le mental du poète tout un jeu d'inspirations - au sens subit de ce mot - puis le déplacement crée le corps du poème, développe la trame lyrique dans un espace qui répond (sans que jamais le poète illustre le peintre) aux tensions qui fondent l'art d'Annibel, de l'enfermement à l'explosion. Mais Irène de Saint Christol, parmi tous ces angles, ne perd pas le fil de son imaginaire le plus personnel, dont on trouve ici les thèmes majeurs et le souci, trop rare aujourd'hui, d'une oralité chaleureuse et opérative. Gérard Murail