A quoi pensent les saumons ?

C'est un voyage particulier qu'entreprennent Simon et Claude, éclairé par les petits gestes, les attentions, l'amour. Un retour pour lui, 65 après, à Mauthausen. La perspective de l'échéance finale l'a décidé, enfin, aux confidences. Et durant ces trois jours ils feront, ensemble, ce chemin à l'envers. Simon et Claude ont 86 ans, s'aiment depuis leur enfance à Fougereuse. Simon est atteint d'un cancer du poumon.
Lui qui avait toujours refusé de parler de ses années de résistance et de camp de concentration, même à Claude, demande à son médecin s'il peut faire le voyage jusque Mauthausen, et celui-ci ne s'oppose pas à ce qui peut être l'occasion d'une rémission. Ils partent dans le pick-up Chevrolet de la ferme, bien que leurs deux fils trouvent que c'est une folie. Ils traversent la France, l'Allemagne, une partie de l'Autriche, au mois de novembre, et rejoignent Mauthausen où Simon a été détenu de 1943 à 1945. Il ne s'est jamais considéré comme un héros.
Il n'y a pas de héros. Il a refusé les postes qu'on lui offrait à la Libération et est revenu à Fougereuse avec Claude. La perspective de l'échéance finale le décide au voyage et aux confidences. En 1940, à 17 ans, il est devenu l'agent de liaison du Colonel. Il n'a jamais eu peur. Les policiers ne soupçonnaient pas le gamin qui descendait du train et les saluait au contrôle. Il profitait de ses déplacements pour retrouver Claude, jeune institutrice dans une école religieuse.
Il a été trahi et livré à la Gestapo qui l'a torturé et déporté. Le roman raconte au présent les péripéties du voyage du couple, les petits gestes, les attentions, l'amour encore, les hauts et les bas de la santé de Simon, et les trois jours qu'ils passent à Mauthausen devenu musée et pôle de tourisme au bord du Danube. Le récit bascule sans cesse en confidences et retours fugaces sur les années noires.
Il aurait dû mourir cent fois. Il est revenu. Claude et Simon se tiennent par la main et ne se lâchent pas pour faire ce chemin à l'envers. Ne se cachent rien. Simon a connu là, à Mauthausen, une déportée à la libération du camp par les Américains. Ils parlent du courage de vivre libre. De la chance. Simon est fatigué. Claude va conduire le pick-up sur le chemin du retour, ils ne le disent pas à leurs enfants.
Ils sont vivants. Ils sont jeunes. Le pick-up tient le coup. Ils sont bien décidés à continuer le voyage ensemble le plus longtemps possible. En se tenant par la main.