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Si foires et marchés continuent aujourd'hui de véhiculer la nostalgie d'une civilisation rurale révolue depuis les bouleversements économiques de l'après-guerre, bien peu est véritablement connu de leur histoire, et tout particulièrement de leurs origines médiévales. La reconstitution que l'on peut en faire à partir du cas de l'Aunis-Saintonge est à cet égard révélatrice du rôle joué par les assemblées commerciales dans l'économie et la société du Moyen Âge, du début du XIe au milieu du XVIe siècle. Témoins clés de l'évolution de la conjoncture du Centre-Ouest sur cinq siècles, foires et marches constituent en effet les instruments de base des échanges d'un pays dont l'activité fondamentalement rurale a pu être précocement dynamisée par le développement de secteurs intégrés aux flux du commerce international du vin ou du sel. C'est en effet un réseau remarquablement dense et hiérarchisé, organisé par les villes et les principaux centres châtelains, qui fut peu à peu tissé au cours de cette période, insérant les populations dans ce rapport de plus en plus étroit avec le marché que les historiens anglais ont qualifié de « commercialisation » de la société. Pourtant foires et marchés n'étaient pas uniquement des outils économiques. Au-delà, ils constituent des temps forts de la vie des sociétés locales dans leur ensemble. Moments privilégiés de l'exercice du pouvoir seigneurial, par le biais de la justice ou de la fiscalité, ils sont aussi, peut-être surtout, de grandes célébrations festives, au cours desquelles les échanges marchands sont le prétexte de la convivialité la plus intense, comme des excès les plus divers...