« Les doigts des fillettes se délient doucement et s'égarent, allant d'une boîte à l'autre, caressant chaque relique avec amour, avec respect. Grand-mère... > Lire la suite
« Les doigts des fillettes se délient doucement et s'égarent, allant d'une boîte à l'autre, caressant chaque relique avec amour, avec respect. Grand-mère a un faible espoir de garder ses petites filles pour toujours. La jolie dame s'accroupit. Elle sent bon, elle est belle, belle et parfumée comme un lys se balançant au gré du vent, belle et fière comme un cygne glissant sur une eau paisible. « Ça vous plairait que je devienne votre maman ? a-t-elle demandé. » Le train s'ébranle, grand-mère marche à côté, hurlant des mots d'amour aux petites qui ne l'entendent plus. Les trois complices se sont retrouvées le temps des vacances. Cette petite vieille, toute de noir vêtue, semble ne pas avoir bougé depuis leur départ quelques années auparavant. L'orage approche, le tonnerre gronde, les danseurs twistent. Maman, échevelée donne des coups de poing et de pieds aux trois hommes. Son chemisier déchiré laisse entrevoir un peu de peau nacrée. À chaque virage se dresse l'obsédant fantôme noir, des larmes de sang ruisselant dans les sillons de sa vieillesse. Voilà votre maison, annonce fièrement Nono. Les deux jeunes filles paraissent transformées en statues. Elles ont déserté la cabane, abandonné la vieille dame, pour vivre là ! Désormais, il est trop tard ! Elles ont le mal du pays. Sous de fausses apparences de tendresse, Nono se révèle violente, menteuse et vulgaire. Le réveil est brutal ! Grand-mère est là, debout à l'ombre des platanes, elle semble attendre depuis si longtemps.