Deux amants font ensemble un dernier voyage avant de se séparer. Elle reste à Paris, exilée de son pays natal, la Russie ; il rentre en Suède avant que la guerre ne l'en empêche définitivement. Après ce dernier paradis - leur mardi, comme ils l'appellent dans leur langue à deux -, la mémoire se réduit, s'effiloche, attaquée par la séparation et par la guerre. Néanmoins, l'espoir du " mardi " survit à la guerre et conduit cette femme à la recherche de l'amant, dont elle n'a plus de nouvelles. Nina Berberova (1901-1995) laisse apparaître subtilement, en filigrane d'une histoire d'amour, une morale qui s'applique parallèlement aux enjeux de toute guerre, de toute lutte : le " perdant " est celui qui a abdiqué ses droits sur la mémoire, qui a renoncé à sa liberté intérieure, au lieu de les préserver de toute occupation.