Biographie d'Ingrid Jonker
Ingrid Jonker (1933-1965), née dans une famille blanche afrikaner de la région du Cap (Les Afrikaners, descendants des colons hollandais du XVe siècle, qui voyaient en l'Afrique du Sud une terre d'élection) est de ces poètes qui oscillent entre l'icône et l'oubli. Erigée parmi les plus grands classiques en Afrique du Sud, souvent mise à côté de Sylvia Plath, Emily Dickinson, Anna Akhmatova ou encore Marina Tsvetaeva, elle ne connaît pourtant pas leur fortune à l'international.
Si souvent on se souvient que Nelson Mandela, lors de son discours d'investiture devant le parlement sud-africain en 1994, lut l'un de ses devenu désormais célèbre, " l'enfant n'est pas mort ", de son vrai titre " L'enfant abattu par des soldats à Nyanga " ci-présent dans le recueil De fumée et d'ocre, beaucoup ont oublié que ce poème s'inscrit dans une plus large production qui mêle l'intime au politique.
Ingrid Jonker est une poétesse à la profondeur méconnue, qui a marqué la modernité sud-africaine mais qui, à des milliers de kilomètres de distance, s'est aussi inscrite dans une lignée poétique propre à son époque (elle lisait Dylan Thomas, Ted Hughes, Eluard, etc.). Elle est à rapprocher de ces poètes également par la vie qu'elle mena : " vivre dans le feu " (Tsvetaeva), ayant connu le déni du père (alors responsable de la censure du régime d'apartheid), l'hôpital psychiatrique, la dépression, la démence, l'alcoolisme puis le suicide à 31 ans.