9 % des habitants « bien nés » d'une ville concentrent plus de 92 % de sa richesse. Mais 65 %, fondus dans la masse, n'en fixent qu'un pourcentage... > Lire la suite
9 % des habitants « bien nés » d'une ville concentrent plus de 92 % de sa richesse. Mais 65 %, fondus dans la masse, n'en fixent qu'un pourcentage infime, même pas 0, 5 %.
Ou, si l'on préfère glisser sur le plan individuel, et prendre - comme témoins - les deux personnages clefs du paysage social, le manufacturier et l'ouvrier, la sécheresse des chiffres apparaît encore plus brutale. Un industriel « moyen » représente, sur le plan de la fortune enregistrée au moment de sa disparition : - 9 728 ouvriers dans les années 1850, - 20 473 à la fin du Second Empire, - 9 775 à la veille de 1914.
Le drame de l'inégalité sociale se trouve ainsi posé à Lille. Car c'est bien de la capitale des Flandres qu'il s'agit. Cette inégalité, profonde comme les abysses, règne sans partage ; elle est comme l'air que chacun respire.
Enracinée sur le plan vertical, elle n'en reste pas moins signifiante sur le plan horizontal ; elle s'insinue au cour de toutes les classes sociales, des plus puissantes aux moins affirmées. Et c'est encore dans les milieux populaires, qu'elle atteint ses plus étonnantes proportions ; sur plus de 6 000 ouvriers dénombrés, en 1908-1909-1910, moins de 60 (soit 0, 89 %) détiennent 83 % des avoirs de tous les travailleurs !
Ainsi, de quelque côté qu'elle se présente, la société de la grande cité du Nord, apparaît bloquée et émiettée. Reconstruire ce puzzle a été une tâche bien difficile, mais combien passionnante ! Le lecteur doit savoir, cependant, que cette histoire a été écrite sans apriorisme politique ou philosophique, sans autre passion que celle de la découverte de la vérité. Ce faisant, nous nous sommes attachés profondément à cette ville et à ses habitants, dont le courage s'inscrit, jour après jour, sur les innombrables feuillets des lourds registres qui résument leur vie.
Que le lecteur partage, sans crainte, et notre souci de vérité et nos certitudes !