Les riches heures de l'alphabet

Une innovation poétique complète, par le fond et la forme, à l' oil et à l'oreille, à la gloire de notre alphabet latin. Le médiéviste et poète Paul ZUMTHOR nous offre chaque lettre à son origine mème, énigme polymorphe active. "L'écriture est simultanément stratégie formelle et alchimie... La lettre est objet d'art : entendons par ce mot périlleux toute manipulation de formes visant à faire éclater un sens, dans la double acception qui suggère une bombe et de la lumière.
L'histoire des écritures en témoigne dès les siècles les plus anciens". Et Henri CHOPIN, poète sonore et visuel, ouvre avec jubilation ce double fonctionnement : la lettre joue d'elle-même, par déroulement sonore et prolifération visuelle, dans le texte et les 50 Dactylopoèmes qui l'accompagnent. "Nous nous sommes séparés du verbe disant, pour venir saluer le verbe actif.. Il fallait qu'il ait les prismes ès amours...
Il le fallait complet, sans cesse en expansion, et non soumis à d'autres dieux que le dynamisme même... Prodigieuse aventure où, au fur et à mesure que naissent les "signes", on perçoit leurs danses, calligraphies, "esprit des lois"... on perçoit leurs puissances, détournements, leurs pas dans les espaces, leurs sons, leurs approches... Je, danse en ses multiples". Et, pour ces RICHES HEURES de notre alphabet, voici : lettrines, bandeaux, filets et couillards, fleurons, cul de lampe, etc...
Leur rôle ne se borne pas au pur décoratif, ils viennent marquer les forte, scander les dérapages sonores, signifier certains coups de théâtre, moduler les tendresses d'une lettre ou tel silence phonétique... et épouser toutes les connivences, devenant ainsi les personnages actifs de chaque lettre.