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Les oeuvres de Philippe Droguet, de prime abord attirantes, organiques et pour certaines charnelles, se révèlent étranges voire menaçantes. Les formes qu’il crée relèvent des registres de la peinture et de la sculpture. L’artiste puise dans les paramètres constants de la sculpture, art à la fois visuel et tactile, optique et haptique, dont on sait qu’il s’incarne par le matériau, le volume et la manière d’occuper l’espace, autant que par la surface, l’épiderme qui capte la lumière. L’artiste choisit par exemple ses matériaux pour ce qu’ils opèrent dans l’oeuvre, le projet qu’il formule pour elle. La liste en est longue, disparate et potentiellement infinie mais elle fait toute la richesse des textures et l’étrangeté des formes : les vis, les semences de tapissier, les baignoires, les nichoirs, les bonbonnes de gaz, les chaussettes, les cure-dents, mais aussi les ossements d’animaux, la peinture d’autoroute ou la poudre pour cartouches de chasse. La paraffine fige un drap en plis, la semence de tapissier, au lieu d’être plantée, adhère à la surface et présente en pelage ses pointes acérées, l’écorce de l’arbre, peau parmi les peaux, se voit elle-même protégée d’une couche de paraffine délicatement passée au pinceau… Droguet joue du volume, de la surface et du matériau pour explorer incessamment la visibilité et la latence des choses. Ses travaux s’installent ainsi sur le fil entre perception et conscience, image et corps réel, celui du sujet et celui de l’objet ; l’oeuvre oscille en permanence entre la séduction et le tragique, un voile ténu les séparant, ce que l’artiste appelle le "tégument", c’est-à-dire la membrane, la peau, la surface, ce qui enveloppe et protège, ce qui couvre et dissimule, ce qui attire et leurre, ce qui s’affiche et simultanément soustrait au regard.
Anne Bertrand est historienne de l’art et critique. Anaïd Demir est critique d’art, commissaire d’exposition et auteur. Hervé Percebois est responsable de la collection du Musée d’art contemporain de Lyon.